Suite au rachat d'Adinfo, l'entreprise liégeoise NRB, contrôlée par Ethias, entre dans le Top 3 des prestataires de services informatiques en Belgique.
Comptant désormais un millier de collaborateurs, NRB est un groupe dont on ne sait rien ou presque. Et pour cause : cette entreprise discrète n'a jamais dû démarcher le moindre client. Depuis sa création en 1987 par la SMAP (à présent Ethias) et trois intercommunales liégeoises (ALE, ALG et Cile), NRB n'a jamais dû se soucier de la moindre stratégie commerciale. Non seulement en raison de son originalité de départ, à savoir que ses actionnaires sont ses principaux clients (Ethias représente toujours environ la moitié du chiffre d'affaires), mais surtout parce que les contrats avec le secteur public se sont succédé
«naturellement». Les plus gros deals sont venus de la Région wallonne. S'y sont ajoutés les provinces de Liège et de Hainaut, la Communauté germanophone, quelques ministères au niveau fédéral et des intercommunales libéralisées comme Sibelga.
Tout cela, assorti de quelques subsides publics, a permis à NRB de passer en un petit quart de siècle d'un chiffre d'affaires d'1,5 million d'euros et un effectif de 24 personnes à 130 millions d'euros et 600 personnes. Des années fastes qui ont contribué
à financer un très beau campus, dans le zoning des Hauts-Sarts à Liège. «Jusqu'il y a deux ou trois ans, nous n'avons jamais eu de stratégie d'expansion délibérée, reconnaît le directeur général Guy Uerlings. J'ai embauché mes premiers commerciaux l'an dernier. Il ne m'a jamais été demandé d'augmenter le chiffre d'affaires. On m'a juste demandé de rendre le meilleur service.» Mais le contexte a considérablement changé ces derniers mois. NRB ressent comme tout le monde une crise financière, dont on sait qu'elle a durement touché son plus gros client Ethias. Mais les autres clients publics ont aussi dû se serrer la ceinture, avec des réductions de budget de 10 à 20 %.
Toutefois, le plus gros coup dur pour NRB a été la résiliation en 2008 par la Région wallonne du mégacontrat GIEI, sorte d'outsourcing informatique (mais sans appel d'offre) dont NRB s'arrogeait la part du lion depuis 20 ans. La Région wallonne a ainsi voulu reprendre la main sur une informatique qui avait tendance à déraper tant en termes de coûts que de qualité de service. Ce contrat prendra fin en mars prochain, après une période de transition de trois ans. Une transition qui s'annonce périlleuse pour NRB, qui estime le manque à gagner à 40 millions d'euros. Il nous revient toutefois que la Région wallonne continuerait «hors GIEI» de faire appel à NRB pour des contrats d'environ 20 millions d'euros. Il est vrai que l'on ne peut pas si facilement tirer un trait sur 20 ans de collaboration. Reste donc un trou de quelque 20 millions à combler. NRB a donc fait appel à McKinsey pour concocter un «plan d'expansion modéré» qui vise essentiellement à s'étendre dans les administrations publiques, particulièrement en Flandre, où NRB n'est pas encore présente, ainsi qu'à pénétrer le secteur des soins de santé au sens large.
Le rachat début juillet des 51 % que détenait Dexia dans Adinfo tombe à pic. Cette entreprise de 340 personnes est spécialisée dans les services informatiques destinés aux pouvoirs locaux (communes, CPAS et hôpitaux). Elle a engrangé un chiffre d'affaires de 45,7 millions d'euros en 2009. Adinfo se compose d'un bras wallon - Adehis à Rhisnes - et d'un bras flamand - Cevi à Gand. Par cette acquisition, qui devrait être conclue avant la fin de l'année pour un montant avoisinant les 25 millions d'euros, NRB se dote de 220 collaborateurs en Flandre. Pour la première fois de son histoire, NRB est donc contrainte de faire la chasse aux clients et aux ... coûts. Pour l'heure, pas question de licenciements mais bien de rogner certains acquis sociaux, notamment une assurance groupe avantageuse. Sur le plan social aussi, il semble bien que ce soit la fin d'une époque pour NRB.
Trends Tendances 19/08/2010
