Les serveurs au frais... la tête aussi!

Lundi 13 septembre 2010

Pas d’emballement: le meilleur peut cotoyer le pire. Thierry Engels, Manager IT Facilities chez NRB, fait le point.


L’énergie est le premier coût d’un data center. Est-elle pour autant le premier souci des organisations? Y-a-t-il prise de conscience?

«L’énergie n’est pas le premier souci, mais les organisations y accordent plus d’intérêt… même s’il n’est pas rare de voir des serveurs en fin de vie restés branchés -au cas où! Le changement d’attitude est relativement lent dans la mesure où le poste ‘énergie’ reste, le plus souvent, à la charge des services généraux. Autre difficulté, la lisibilité des coûts. En effet, la part de la facture d'électricité relative à la consommation des équipements IT n'est souvent pas séparée de celle des infrastructures de climatisation et de distribution électrique nécessaires à leur fonctionnement… Cela dit, c’est la maîtrise globale des coûts qui intéresse nos clients, pas la consommation individuelle par machine -question qui nous concerne davantage en tant qu’hébergeur. Ce qui veut dire que nous avons un rôle important à jouer: calculer, analyser et, surtout, anticiper.»


Quelles techniques, en particulier, mettez-vous en œuvre et pourquoi? Peut-on dire que certaines sont «in» et d’autres sont «out»?

«On ne rejette aucune technique. Intrinsèquement, aucune n’est mauvaise dans la mesure où il y a toujours des économies à réaliser. Et ce ne sont pas les plus sophistiquées qui sont les meilleures. Ainsi, on s’est rendu compte qu’en arrosant les groupes de froid on gagnait en consommation. C’est ce qu’on a fait cet été, au plus fort des journées caniculaires… Un tuyau d’arrosage et des gicleurs: voilà bien un investissement minimum rentabilisé dès le premier jour!»

«A l’opposé, parce que coûteuses, certaines techniques s’avèrent contre-productives. Et d’autres se montrent trop sensibles. Dans nos investigations, en vue de construire notre troisième data center, nous avons ainsi rejeté le free cooling qui, selon nos analyses, présente encore des faiblesses au niveau de l’électricité statique et de la filtration des poussières -deux écueils à tout le moins rédhibitoires pour un data center! De même, nous avons rejeté la route thermique: le principe même d’échange air-air ne nécessitant plus d’eau glacée ne nous paraît pas encore mâture. Idem pour le concept de data center haute température: embryonnaire!»

«Ne l’oublions pas: la disponibilité est le premier objectif de nos clients. Nous ne pouvons donc nous permettre de jouer les précurseurs… Cela dit, il n’est pas question de fermer la porte. Les avancées peuvent être rapides, voire surprenantes. Ainsi, en augmentant d’un degré la température dans le data center on peut réduire de 4% les coûts d’énergie. Chez NRB, en renouvelant progressivement notre parc de serveurs, nous sommes parvenus, depuis 2006, à faire monter la température de 3°C!»

«Nous avons même songé à exploiter les ressources de la nappe phréatique sous le site. Cela aurait pu faire baisser le PUE. Mais, tout bien pesé, ce n’aurait pas été très écologique… Autre piste de réflexion, la trigénération –production d’électricité, de chaleur et de froid . Bref, ce ne sont pas les idées qui manquent. Mais il faut -aussi- garder la tête froide en évaluant les délais, les coûts et, surtout, les risques!»

Quid de la virtualisation?

«En équilibrant le ratio consommation énergétique – puissance à disposition, la virtualisation offre à la fois flexibilité, disponibilité et un TCO très intéressant… Dans leur grande majorité, la charge CPU des serveurs est souvent inférieure à 20%; ils sont clairement sous-utilisés, alors que leur consommation reste constante. Chez NRB, nous opérons une ferme de production mutualisée formée de 11 serveurs physiques qui permet de consolider 305 serveurs. Ce faisant, la consommation est passée de 61 kWh à 22 kWh par an. Soit 35.000 EUR d’économies… en jouant seulement sur un élément!»

Green à tout prix! Certains parlent de «dictature du PUE». Et de souligner, par là, la -trop grande- importance accordée à cette évaluation du rendement énergétique du data center… Considérez-vous qu’il s’agit, désormais, d’un facteur déterminant, voire critique, dans le choix d’un prestataire de services de data center?

«On peut faire dire n’importe quoi au PUE! Celui que l’on chiffrera dans un contexte optimal -en hiver, par exemple, sur un mois quand il fait bien froid et que les nuits sont longues- n’a rien à voir avec celui que l’on évaluera sur un an. C’est un peu comme la consommation des voitures: il y a une marge entre ce que vous lisez sur le catalogue du constructeur et la consommation réelle quand vous êtes au volant… Loin de moi de négliger le PUE. A 1,6 chez NRB, j‘estime que nous sommes particulièrement bons vis-à-vis de la concurrence. Qui plus est, nous sommes en mesure de le démontrer. C’est important. Car ici et là j’entends des sirènes annoncer 1,3, voire moins. Méfiance! Le PUE tend à devenir un argument commercial… De toute façon, si le PUE a le mérite d’exister, il est restrictif. Il concerne l’infrastructure matérielle; il ignore le réseau et l’application. Alors qu’optimiser les applications est, en soi, un source non négligeable d’économies!»

D’une manière générale, vos clients sont-ils sensibles aux critères du Green Grid? Evoquent-ils le Code of Conduct de la Commission européenne? Souhaitent-ils s’inscrire dans cette démarche?

«Le Green Grid suscite de l’intérêt, c’est évident. Si on en parle, il ne figure pas encore dans les cahiers de charge. Demain, sans doute… L’important est de disposer d’indicateurs et de bonnes pratiques. Aussi, suivons-nous de près de Code of Conduct européen -une référence dans le domaine.»

Solutions 13/09/2010

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